commune de leur indépendance nationale et de leur liberté, aux États de l’Amérique, conscients de leur communauté d’intérêts politiques et économiques et placés tous indistinctement sur un pied de parfaite égalité et d’indépendance incontestée ». Affirmant encore que les États-Unis regardent comme une cause commune l’indépendance de la liberté politique des Amériques, le président ajoute : « Nous avons fait de tout le continent américain le domaine exclusif des nations indépendantes et d’hommes politiquement libres. Nous regardons la guerre simplement comme un moyen d’affirmer le droit des peuples contre une agression et nous nous élevons aussi vigoureusement contre tout pouvoir coercitif ou dictatorial dans notre propre pays que contre toute agression du dehors. » Quant au panaméricanisme, M. Wilson le définissait : « une association d’intérêts et d’affaires faite d’avantages réciproques en vue du remaniement économique, auquel le monde va inévitablement assister dans la prochaine génération, quand la paix aura enfin repris son labeur salutaire. » Quelques jours après (Noël 1915), M. Lansing, secrétaire d’État, précisa ainsi cette formule devant le Congrès scientifique panaméricain : « La doctrine de Monroe représente la politique nationale des États-Unis, tandis que le panaméricanisme représente leur politique internationale. » L’évolution de la doctrine de Monroe aboutit donc, après un siècle presque, à un groupement de tous les pays du nouveau continent, à une alliance panaméricaine dont le statut formel est négocié en ce moment même. Le plan mis en avant comporte une alliance défensive des républiques transatlantiques avec une fédération des armées de terre et de mer, l’institution d’un tribunal et d’un corps de police panaméricain, l’interdiction de conclure aucun traité avec les États du nouveau monde. Il sera peut-être question aussi d’une union douanière.
La politique apparemment faible de M. Wilson au Mexique s’inspire d’un plan tendant à ce que toutes les républiques américaines agissent unies. Il a compris que la doctrine de Monroe, par laquelle les États-Unis s’arrogeaient la police du continent américain, était une menace pour la paix, et il s’est arrangé de telle sorte que ce fardeau reposât sur toutes les républiques américaines. De toute façon les Américains cherchent une base d’une véritable fédération continentale, une alliance panaméricaine assez forte pour faire face à toutes les éventualités futures.
Cette Amérique, désormais organisée et possédant sa charte panaméricaine, entend bien ne pas s’isoler dans le monde. Elle s’applique non seulement à la défense du continent contre toute intervention européenne, au maintien de la paix continentale et au développement des rapports d’intérêts entre les républiques ; elle tend aussi à jouer un rôle important dans le rétablissement de la paix du monde et la reconstruction de son équilibre économique. Déjà au cours de la guerre