nations 300 ont survécu et sont aujourd’hui sous la domination de l’État de Colombie. — Ce mouvement de concentration des souverainetés politiques est général dans le monde, bien qu’il ne soit ni uniforme, ni continu et qu’il s’accompagne aussi de ses agrégations (par ex. la Turquie et l’Autriche). De nos jours il demeure 52 États indépendants et souverains. Ce chiffre n’a rien de fatidique, naturel ni providentiel. La disparition d’un État, la naissance d’un autre ne sont pas des faits à ce point extraordinaires qu’ils puissent troubler essentiellement la marche de l’Humanité. La reconnaissance du caractère relatif et transitoire des structures politiques faciliterait bien des adaptations et des transformations nécessaires, car les forces qui ont agi dans le passé agissent encore de nos jours ; l’évolution historique se continue sous nos yeux.
La configuration matérielle d’un territoire lui donne moins de valeur s’il est divisé que s’il est d’un seul tenant (territoire concentré ou allongé, ayant des bras dans diverses directions) ; la logique apporterait bien des démembrements aux territoires actuels. – La théorie des frontières naturelles par fleuves ou montagnes est d’origine française. En réalité toute frontière naturelle est artificielle. On a dit que les divisions nationales doivent déterminer les frontières de chaque État, car c’est la seule limite naturelle aux empiétements et une base objective à la répartition des territoires. L’idée a été proposée en Allemagne de transplanter réciproquement des populations et de les échanger pour assurer une meilleure répartition de territoire. Ce procédé est brutal.
2. Causes des agrandissements territoriaux et évolution de ces causes. Quelle cause pousse les États aux agrandissements de territoire et, pour ce que ceux-ci ont de rationnel et justifié, quel processus juridique et pacifique pourrait-on substituer aux transformations violentes ? À voir, dans un atlas historique, les cartes politiques successives du monde, à lire dans une histoire générale la formation du territoire de chacun des États actuels, on croirait devoir conclure à cette loi sociologique : le territoire est l’expression de la vitalité des peuples et tout agrandissement ou diminution de leur force se marque dans des transformations corrélatives de leur territoire. « Des agrandissements progressifs, dit von Ghentz, l’historien allemand, sont devenus à un certain degré la maxime politique constatée de la Prusse, comme le seul moyen de maintenir son influence et de veiller à sa conservation. » Et en effet, depuis les jours du Grand Électeur, la Prusse s’est successivement agrandie d’une partie de la Suède, de la Pologne, de l’Autriche (Silésie au XVIIe siècle), du Danemark en 1864, de différents petits États prussiens, des provinces rhénanes en 1815, de la Hesse et du Hanovre en 1866, de l’Alsace-Lorraine en 1870. L’Angleterre, la France, la Russie se sont agrandies de colonies, montrant une fringale de vas-