tions de science, d’utilité pratique, de distraction ou de propagande d’idées. Or toutes ces formes de la presse ne sont pas systématiquement utilisées pour répandre des notions justes, vraies, utiles, pour faire naître ou entretenir des idéals élevés[1].
Quels exemples ont donné les journaux belliqueux sur la manière de former, de cuisiner une opinion publique ! Les bonnes causes, elles, ne savent pas se servir de la presse. Les pays anglo-saxons sont plus avancés à ce sujet que le Continent et de bien plus longue date. L’action de la presse imprimée peut se continuer aujourd’hui par celle du cinéma, nouvel et précieux instrument de diffusion. Aux États-Unis les cinématographes (movies) sont devenus à ce point une nécessité de la vie générale qu’en 1914, les dépenses du peuple pour ce spectacle se sont élevées à 1,457,000,000 francs payées par 7,300,000 spectateurs quotidiens.
267.4. UN JOURNAL OFFICIEL INTERNATIONAL. — Les fausses nouvelles, l’ignorance mutuelle du caractère national, les informations tendancieuses, les interprétations de faits inexactes, les partis pris, causent chaque jour d’irréparables malentendus entre les peuples, d’autant plus grands qu’ils ne reposent pas sur des faits objectifs et des divergences de vue réelles. L’organisation centralisée des grandes agences télégraphiques et téléphoniques, les relations de ces agences avec les gouvernements et les hautes sphères économiques ont fréquemment contribué à créer un tel état de choses, si bien qu’on avait pu dire, non sans apparence de raison, que « la prochaine guerre serait déclarée par la presse ».
Des mesures de contrainte ou de surveillance préventive ne pourraient atteindre ici le résultat désiré. Mieux vaut, dans un but de bonne entente et de paix, employer les mêmes moyens d’action et leur opposer des versions authentiques de faits et des exposés contradictoires. Il faudrait publier un journal officiel international. Déjà la publication rapide des négociations diplomatiques par les divers gouvernements, réalisée pendant la guerre, a fourni un précieux moyen de comparaison et de contrôle. Leurs communiqués officiels, malgré leur art de dissimuler et d’influencer, ont servi à l’orientation des esprits. Une partie non officielle du journal devrait être mise à la disposition des nationalités qui s’en serviraient pour leurs appels au public. En faisant connaître au monde leurs misères et en intimidant ainsi leurs persécuteurs, cette publicité aiderait à diminuer les injus-
- ↑ En ces dernières années les internationalistes et les pacifistes se sont préoccupés d’avoir des journaux à eux ; ils ont fait à cet effet des sacrifices sérieux, mais bien insuffisants. — Des projets du journal international ont été élaborés mais sans aboutir. Une agence de presse, Potentia, avait été proposée. La Carnegie Endowment a examiné, en 1914, des plans pour un bureau de presse mondial dans l’intérêt des idées pacifiques (Yearbook for 1915, p. 60).