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La géologie aujourd’hui conçoit la terre entière comme un édifice — un édifice tectonique dont les structures sont formées de volumes, de surfaces, de lignes. On peut connaître et se présenter cette structure. Mais elle n’est pas tout, il y a le mouvement qui anima, qui anime encore les choses (car l’histoire continue et nous vivons sans privilège d’aucune sorte, à un instant quelconque de cette grande affaire). Il y a, peut-on dire, une tectonique en arrêt et une tectonique en mouvement. La première, c’est l’art de définir l’état présent des structures : il suffit d observations bien faites, complètes, par de bons rapprochements et par de bonnes interprétations. La tectonique en mouvement, ce serait, au terme, une tectonique achevée, une histoire ininterrompue de déformation de la planète où tous les témoignages viendraient se relier sans lacune. Cet idéal est irréalisable mais longtemps encore on s’en approchera pourvu que la tectonique en arrêtant le point de départ obligé, soit vraiment élucidée dans toute la mesure où il se peut, et pourvu que l’art, délicat et subtil entre tous d’y remettre le mouvement, soit pratiqué avec justesse. Car on ne peut voir le mouvement comme on voit les structures, à la manière d’un objet qui pose à plein ; ce mouvement, on doit le créer par la pensée, le conduire de manière à expliquer, tout au long des âges, le témoignage conservé, le suggérer enfin par l’image.

La tectonique se propose de revoir, en la précisant de la tectonique en arrêt et de faire voir la tectonique en mouvement. Susciter autant que le permettent les lacunes encore immenses des témoignages, l’image de formes en mouvement et la vision, hélas, très incomplète d’une histoire.

Il s’agit de tectonique concrète et non de théories orogéniques. Aperçue dans sa totalité, cette histoire serait entièrement faite de déformations tectoniques qui s accompliraient dans les trois dimensions d’un espace toujours rempli sans lacune, au long des temps géologiques, qui s’enchaîneraient, dans l’instant, en un