Page:Otlet - Monde - 1935.djvu/485

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

V.

La Belgique et l’Organisation Mondiale[1]



Nations de la Terre, ô Monde, voici dans le tumulte des événements, la voix de la Belgique. Vous savez bien, la petite Belgique, celle qui après 84 années de paix et de travail continu, s’éveilla un matin de 1914 dans une Europe en feu et, quatre années durant, fut la martyre des événements En 1918, on lui promit, à cette Belgique, réparation et sécurité. On lui promit surtout que la terrible aventure, non seulement ne recommencerait pas chez elle, mais ne se renouvellerait plus nulle part. De solides institutions, administrées dans un esprit de coopération et de paix, devaient y pourvoir. Or, voici qu’en 1935, la Belgique n’entend que le tumulte des canons exaltés, le bruissement des avions en exercice, elle ne sent que les manipulations des gaz que l’on prépare. Et en plus, comme si la guerre de

  1. Appel présenté au Congrès Universel de la Paix, en 1931. Tout d’actualité encore en 1935.

    La Belgique, quel pays parmi tous ceux de la Terre ! Territoire infime ; population ultra dense ; ouverture à toutes les introductions et influences ; les hommes de tous caractères ethniques, émigrants ou refoulés ; les produits ; résultant de toutes les organisations économiques ; les idées relevant de tous les systèmes cultures. En marge de puissants voisins, c’est entre le marteau militaire à l’est et l’enclume monétaire à l’ouest qu’il est placé ou plutôt emmuré, par les barrières voisines, armées ou plus fortes ; droits ou contingentement. Et quand même, pays qui se refuse à se laisser étouffer ou jeter dans la mer. Si à l’intérieur une diversité vivante et laborieuse ne saurait s’accommoder que de liberté dans le cadre d’un plan, pourvu qu’il soit collectivement délibéré et volontairement consenti ; à l’extérieur, il veut demeurer lui-même, comme aux siècles de son indépendance heureuse. De cela, il obtient promesse après et avant 1914. Mais maintenant clairement lui apparaît que seule une organisation mondiale la pourra réaliser et que ce serait y aider que d’installer chez lui, au bénéfice commun, un Centre pour tous les échanges, pour toutes les coopérations.