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différents. 1° Les phénomènes sont-ils ou non liés les uns aux autres, data et vincula ? 2° Les phénomènes étant liés, est-il possible de connaître ces liaisons et par suite de prévoir les faits conséquents à des faits antécédents ? 3° En outre, est-il possible d’agir sur les faits antérieurs de manière à obtenir d’autres fais conséquents ?

c) Il n’y a pas seulement à déterminer les liaisons des phénomènes ; il faut encore déterminer le rythme général des phénomènes conducteurs qui entraînent les autres. Il faut aussi placer les faits dans leur perspective historique.

d) La prévision sociologique se présente en alternative logico-sociologique : ceci ou cela peut arriver.

e) La prévision est susceptible de probabilité à raison des facteurs en jeu. Il y a l’être actuel, ses possibilités, ses probabilités, la réalité future. Ce sont là quatre étapes de ce que les anciens déjà appelaient le passage de l’être à l’acte. Tous quatre ont à être examinés séparément. Tout le calcul des probabilités (théorie mathématique) est une contribution à la prévision sociologique.

f) La prévision peut être approximative. En matière de travaux, par exemple, les ingénieurs et les architectes introduisent dans leur devis une provision pour imprévu.

g) La prévision sera influencée par les tempéraments des « préviseurs ». Ceux-ci pessimistes, ceux-là optimistes. Comme dans les observations astronomiques, il y a lieu de faire intervenir pour rectification un coefficient personnel.

h) On peut prévoir en deçà, à côté, au delà.

i) Dans la voie du progrès à avenir a souvent dépassé les prévisions les plus optimistes. On peut dire de même de certains maux dont l’immensité des conséquences néfastes a souvent été masquée.[1]

  1. Mme de Sévigné avait prophétisé une gloire éphémère à Racine comme au café. Or, Racine est admiré de presque tous et l’usage du café s’est répandu dans toute la société. Le XVIIIe siècle n’a rien prévu du XIXe. Le « Paris en l’an 2000 » de Mercier n’a prévu que l’éclairage des villes.