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champ d’édification et de destruction. Il passe de l’homogène à l’hétérogène, de l’évolution à la dissolution, à la nouvelle évolution. Quant à l’espace, le monde est supposé fini mais illimité, allant de l’immensément grand à l’immensément petit. Quant au temps, il est mesuré par des milliards de milliards d’années lumière et par des millionièmes de seconde.

Les créations humaines. — La nature est indifférente à l’homme ; les hommes largement indifférents aux autres hommes, mais des liens d’interdépendance unissent tout. Rapportées à l’homme, à son existence, à ses civilisations, les choses se passent comme si elles étaient livrées au hasard, alors cependant qu’une intervention favorable tente d’y réaliser création, développement, ordre, organisation.

Constatation. — La vie est à monter d’une ascension courageuse et continue. Vérité, beauté, bonté deviennent les idéals. L’absolu a fait place au relatif. L’inconnu, le mystère, l’énigme sont partout. Les méthodes pour les réduire grandissent. L’existence d’êtres supérieurs, si elle est difficilement démontrable, reste hypothèse possible. L’homme est citoyen non seulement de son pays et de la terre, mais citoyen de l’univers.

Le Renouveau. — Il y a eu la Renaissance. Il nous faut le Renouveau. Un homme nouveau doit naître. Une société nouvelle doit naître. La chenille, vilaine, abjecte, rampante, pleine de viscosités et de poils répugnants, doit faire place au papillon admirable, s’envolant dans le ciel pur en y déployant la merveille de ses formes, de ses couleurs, de ses mouvements. Il faut un amortissement du passé : amortissement des vieux principes, des vieilles valeurs, du vieil outillage, des vieux desseins. Amortissement des institutions, remise des dettes, amnistie. Il faut écarter tout ce qui empêche le renouveau, tout ce qui tient hommes et société dans les rets d’un filet paralysateur. Mais il faut appeler et exalter tout ce qui va faire surgir, dans l’homme et dans la société, des aspirations, des forces, des actes nouveaux.