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pesaient les conséquences de leurs décisions avec la même méthode que l’ingénieur qui établit un progrès ou que le médecin qui traite un malade, l’économie serait dirigée par l’esprit technique.

Summer Maine a exprimé l’opinion que l’état normal des sociétés, loin d’être le progrès était la stagnation. C’est-à-dire qu’arrivée à un point d’équilibre s’y opère une cristallisation, une adaptation aussi parfaite que possible et il faut alors des circonstances nouvelles pour la remettre en mouvement. Mais s’est développé le facteur science. Il paraît désormais assez difficile de l’éliminer ou de le mettre en sommeil. Ainsi société, progrès, science, sont devenus des termes exprimant des réalités formant cycle.

LE PROGRÈS.


Le progrès de l’humanité est entrevu dans cinq directions différentes.

1° Par les améliorations biologiques, notamment de l’hérédité.

2° Par les créations techniques créant un milieu favorable qui, étant transmissible, réalise une sorte d’hérédité exodermique.

3° Par l’éducation : le progrès des méthodes pédagogiques et intellectuelles et une hérédité pédagogique.

4° Par le progrès de l’intelligence en elle-même qui crée la science non seulement par découvertes et raisonnements à partir de certains axiomes, mais va renouvelant l’idée des principes eux-mêmes. L’esprit humain possède une activité créatrice.

5° Par la formation progressive d’un cerveau collectif. Déjà s’en esquissent les fonctions qui seraient assurées : la perception, par les informations ; l’idéation par les études collectives ; la mémoire, par la documentation ; l’impression, par le développement de l’art ; les décisions par les délibérations communes.

Toute l’histoire humaine a été faite de grandes émancipations de la tradition. Ainsi quand Jésus est venu libérer la conscience individuelle de l’emprise de la