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propre de la machine est de fournir un service mécanique, c’est-à-dire régulier.

Le processus de création : Une idée, une recherche de laboratoire, un brevet, une installation d’essai à l’échelle industrielle, une usine, un réseau d’usine, un trust de l’industrie née de l’idée.

Nous marchons vers une artificialité croissante, c’est-à-dire vers une substitution dans les choses aux données de la nature, des données dues à l’intervention de l’homme. L’artificialité est le résultat de la technique, dérivée elle-même de la science ou de la simple pratique en œuvre dans un milieu déjà largement artificialisé. La technique, à ses débuts en tous domaines, a cherché à imiter soit la nature, soit les produits techniques antérieurs et cela pour cause d’efficience, de travail, peine, argent ou selon le but de généraliser au grand nombre (échange ou service public). À cette première phase largement accomplie en succède une autre, la création suivant des buts nouveaux. L’homme, la société, vont devenir de plus en plus artificiels.

Notre culture entière est pénétration et conquête de la nature.

Les possibilités techniques humaines, centuplées par les progrès de la science, permettent de plus en plus à notre civilisation de s’affranchir presque complètement de la matière, d’exprimer, avec une liberté quasi totale, les aspirations philosophiques et sociales de la pensée.

Le machinisme. — Le machinisme est la généralisation des inventions. Vaste problème né des contradictions profondes de la société.

Les produits de l’intelligence et en particulier les recherches scientifiques, les unes après les autres, deviennent une menace pour les travailleurs ; le chômage produit par les machines qui surproduisent ; la santé, parfois la vie des ouvriers compromises par elles. La machine transforme la planète.

De 1850 à 1910, par la machine à vapeur, en 60 ans, le déplacement des choses et des gens est devenu en-