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peut se réduire à celle de relations classées en groupes particuliers et divisés. Tous les termes exprimant les notions ou les objets d’une science sont susceptibles en principe de relation avec ceux de toutes les autres sciences ; de même ceux exprimant les activités et les arts qui y correspondent. Le nombre des relations correspondant à la réalité est illimité (qu’on calcule par exemple 25 sciences ou groupes de connaissances à 100 termes pouvant tous être mis en relation les uns avec les autres (25 x 100)² = 6,250,000.)

L’histoire de la pensée montre comment la science s’est dégagée de ses origines symboliques, comment la littérature s’est nettement différenciée et constituée en genres bien distincts, comment la philosophie a essayé à peu près toutes les manières possibles de considérer l’univers et de se considérer elle-même.

« Ce sont les Méditerranéens qui ont fait les premiers pas certains dans la voie de la précision des méthodes, dans la recherche de la nécessité des phénomènes par l’usage délibéré des puissances de l’esprit, et qui ont engagé le genre humain dans cette manière d’aventure extraordinaire que nous vivons, dont nul ne peut prévoir le développement et dont le trait le plus remarquable — le plus inquiétant peut-être — consiste dans un éloignement toujours plus marqué des conditions initiales ou naturelles de la vie. » (Paul Valéry.)

La synthèse (science, philosophie) comprend trois choses distinctes mais dont le développement intimement solidaire marque les étapes de la puissance même de l’esprit. La claire position des problèmes, la méthode et l’instrumentation moyenne mis en œuvre pour résoudre les problèmes, les réponses générales aux problèmes posés. Le premier point a été développé tout au cours de cet ouvrage. Reste à traiter du deuxième et du troisième.

Les faits sont reconnus d’une complexité insoupçonnée aux anciens. L’explication totale met en jeu des faits qui relèvent de tous les ordres de science : économiques, sociaux, politiques, psychologiques. Expliquer le monde, reconnaître la destinée humaine nécessite le concours de toutes les sciences et l’établissement au-dessus d’une synthèse qui les coordonne toutes.