Page:Otlet - Monde - 1935.djvu/331

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 305 —

Les occultistes admettent une quatrième dimension éthérique.

L’espace, comme le temps, est un continu : continuum. Le lieu se prolonge par un autre lieu qui, à son tour, est prolongé par un troisième et ainsi à l’infini. Cette route conduit à Paris d’où une autre, ou la même, conduit à Dijon, à Lyon, à Marseille, à Gênes, à Rome, à Brindisi, aux Indes, en Chine. Cette continuité est déterminative en elle-même d’une action. Les êtres s’épandent dans l’action.

L’espace en soi a été longtemps conçu comme un vide que viendrait remplir les choses. (Discussions séculaires sur le vide et le plein.) Mais on doit reconnaître une action active double dans l’espace. 1° Si l’espace est une création de l’esprit (jugement synthétique a priori de Kant), semblable création marque de son empreinte tout ce qui est pensée. Plus sera claire, consciente, évoluée la notion, plus forte sera son action, plus grande son importance. 2° L’espace n’est pas seulement un lieu, c’est un milieu. Toutes les choses qui l’occupent sont amenées à avoir des rapports les unes avec les autres. Il y a connivence dans un même espace et ainsi les milieux y deviennent actifs. Les choses y respectent un « espace intérieur » délimité par les confins de la chose et placé dans un espace extérieur. Les choses s’influencent donc d’extérieur à extérieur. Comme elles ont des vibrations et des émanations, elles agissent à distance. Et elles-mêmes, loin d’être impénétrables, peuvent être traversées (transpercées) d’outre en outre par certains agents (électricité, lumière, chaleur). Comme aussi ce qui s’élabore en elle, comme foyer d’actions actives est susceptible de s’extérioriser à leur surface et de là agir au loin à travers l’espace sur d’autres êtres. À l’analyse profonde s’évanouit donc la notion d’être occupant autonomement et exclusivement une portion de l’espace.

D’où ces corollaires : 1° la géographie sera l’étude des milieux plus encore que celle des espaces ; 2° les milieux constituent de véritables « associations » de groupements naturels par affinité, ou fixés par une force de compulsion extérieure. En certains sens la sociologie doit étendre