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« L’influence du monde extérieur sur l’imagination et le sentiment, influence qui a donné, dans les temps modernes, une impulsion puissante à l’étude des sciences naturelles, par la description animée des régions lointaines, par la peinture de paysage, en tant qu’elle caractérise la physionomie des végétaux, par les plantations ou la disposition des formes végétales exotiques en groupes qui contrastent entre eux. » (de Humbold, Cosmos I, p. 150 et 80.)

« Les chants des oiseaux m’ont rendu heureux, j’ai su entendre l’appel des animaux, j’ai embrassé dans leur immensité la terre, les pierres, les arbres, et de jour et de nuit les étoiles et tout ce qui tisse et le ciel et la nuit. J’ai aimé d’un amour si inextinguible Dieu et mon peuple et les hommes qu’il n’est sans doute pas au monde de plus grand bonheur. Et je veux vous le conseiller : faites de même pour connaître la joie. » (Blunck : Stelling Rothinnsohn).

Au Japon, les temples, qu’ils soient Shintoïstes ou Bouddhistes sont généralement harmonisés merveilleusement avec le site. Dans les villes mêmes, ils sont situés sur quelque hauteur dominant toute l’agglomération. La vénération de la nature, incorporée dans les divers dieux et déesses du Shintoe a été transférée au paysage naturel lui-même, la montagne sacrée ou le bois sacré sont devenus l’habitat du dieu lui-même. Le culte naturel des héros dont les esprits entourent les Japonais dans un lieu sanctifié, unit la nature et l’histoire, le passé et le présent dans le paysage. (Les paravents sacrés au Japon représentent tout.)[1]

Placé dans la nature, l’homme oublie la société venue après lui et sa civilisation si souvent meurtrière.

L’homme commença à maltraiter la nature, à la fouiller, à la détruire. Aujourd’hui il reconnaît son erreur : il crée des parcs nationaux. Il recouvre son sentiment à l’égard de la nature. Son instinct primitif reprend le dessus.

  1. Mecking, Ludwig. Kult und Landschaft in Japan. Geog. Anz. 30 (5) 1929 : 137-146.