Page:Otlet - Monde - 1935.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 5 —

3. Renaissance. — La réaction naturaliste, confond l’homme parmi les choses ; en art, c’est la beauté des formes et des contours qu’elle peint voluptueusement ; en morale ce sont les instincts qu’elle légitime.

4. Temps modernes. — Sentiments nouveaux.

a) Le mécanisme cartésien ne permet plus de voir dans la nature la tentatrice et l’ennemie ; au XVIIIe siècle, par haine des institutions des hommes, on revenait à elle, on la proclame belle et bonne. On mêle de nouveau l’homme à la nature en croyant les opposer et on sent mieux que jamais la poésie et le charme de l’Univers parce qu’on l’imprégnait inconsciemment de tous les sentiments et les rêves humains.

b) L’interprétation sceptique du Kantisme ne tarde pas à agir ; la nature n’est plus la source de toute bonté. On voit la froideur inerte de son mécanisme, la dureté de ses lois ; elle est désespérante.

c) Parfois on commence à retrouver en elle une raison vivante qui guérit les maux qu’elle cause ; on a senti la grandeur inconsciente de son développement nécessaire. Rien n’est bon ni mauvais, tout est rationnel. (Parodi.)

5. Notre temps. — Le grand mouvement de retour à la nature, en notre temps : il s’exprime par le voyage, le sport, le naturisme, par le nudisme, par les concours de beauté. Toute révolution politique et sociale a été précédée par un retour à la nature. Ainsi dans l’Allemagne contemporaine.

Des hommes de science ont exprimé souvent leurs sentiments à l’égard de la nature.

« Pour que cette œuvre réponde à la dignité de la belle expression de Cosmos, qui signifie l’ordre dans l’univers, et la magnificence dans l’ordre, il faut qu’elle embrasse et qu’elle décrive le grand torut (to pan) ; il faut classer et coordonner les phénomènes, pénétrer le jeu des formes qui les produisent, peindre enfin, par un langage animé, une image vivante de la réalité. Puisse l’infinie variété des éléments dont se compose le tableau de la nature ne pas nuire à cette impression harmonieuse de calme et d’unité, dernier but de toute œuvre littéraire ou purement artistique.