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l’être se figurent par une courbe, une sorte d’onde, où la position différente est marquée par l’influence respective du milieu-ambiance et de la vie-fonction. Tout être à tout âge n’est pas susceptible de réagir également à toute action, il faut donc envisager le total d’une vie à ses quatre stades et répartir entre eux ses diverses possibilités. La nouvelle biologie, la nouvelle médecine qui s’en inspire ont mis ces faits en vive lumière. (Voir notamment sur la médecine morphologique les travaux du Dr. Sigaud, de ses collègues et de son école, et le résumé qu’a donné le Dr. E. Laplanche : La Médecine de demain, Science de la vie, Paris, Doin 1925.)

Chez l’enfant il y a les périodes digestives, respiratoires, musculaires, et à chacune de ces périodes c’est une autre fonction qui doit s’épanouir. L’enfant, jusqu’à sept ans, doit former son tube digestif, puis jusqu’à quatorze ans, son appareil respiratoire, puis, jusqu’à l’achèvement de la période de formation du corps, vers la vingt-et-unième année, les muscles. Et l’école de Lyon conclut que la fonction cérébrale n’acquiert son plein développement que beaucoup plus tard, vers la quarante-deuxième année ; même on peut dire, ajoute-t-elle, qu’elle ne devient prépondérante sur les autres fonctions qu’au moment où celles-ci déclinent, vers la soixante-troisième année, pour ignorer, elle (du moins le devrait-elle) le déclin.

Si ces vues sont exactes, elles doivent conduire à deux conclusions pédagogiques : 1° la nécessité de doser très attentivement dans les jeunes organismes absorbés par un énorme travail qui se fait ailleurs, tout ce qui concerne la fonction cérébrale ; 2° la nécessité de concevoir un plan éducatif intellectuel se répartissant sur la vie entière et principalement sur les années qui suivent la formation, c’est-à-dire après 21 ans. L’inverse a été fait jusqu’ici.

D’autre part, la sociologie conduit à constater que les sociétés elles-mêmes ont des âges différents, nécessitant des traitements différents, et la psychologie envisageant la formation et la croissance des systèmes scientifiques, artistiques, littéraires, doit faire conclure à l’existence d’âges et de toute une morphologie dans ces systèmes.