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relle vivante ou morte ou une langue artificielle (Espéranto ou Ido). Le besoin a aussi été exprimé d’une langue scientifique commune plus régulière, plus précise, plus adéquate à la pensée.

La langue est-elle perfectible ; pourra-t-elle tendre à l’unification à l’encontre de la différenciation passée et actuelle ? En faveur de l’affirmative, on a invoqué ; le relâchement ou la dislocation des groupes sociaux se fait de plus en plus rare dans l’histoire du monde ; les transports constituent des facteurs d’unification ; la culture plus répandue ne confine plus les travailleurs dans la seule terminologie de son métier, l’écriture, la littérature, la culture en général, ont une puissance de fixation et d’unification.

Le langage doit être considéré comme un instrument du travail intellectuel, un moyen de production. L’absence de fixité, de logique et d’unité constituent des désavantages à combattre.

Il y a lieu de travailler au langage de l’avenir dans quatre directions : s’exprimer mieux et plus clairement ; s’exprimer plus vite ; s’exprimer en faisant porter la voix plus loin ; s’exprimer avec tous (communion universelle).

L’INSTRUCTION ET L’ÉDUCATION.

La lutte contre l’ignorance. — Un grand travail à accomplir c’est la lutte contre l’ignorance, fléau du genre humain. Où les peuples aujourd’hui vont-ils chercher leurs notions ? À quatre sources, a) Dans les traditions orales et familiales. Dans toute l’organisation familiale on se fie à la tradition orale ; c’est une grave erreur : la tradition orale n’a souvent pour base qu’un réseau de croyances grossières unies à des idolâtries renversantes, b) Dans les livres religieux. Ainsi, pour les Turcs et les autres musulmans, jusqu’à notre époque, il n’y a eu d’autre science que la coranique, c) Dans les littératures nationales, d) Dans la science. Le livre et la presse, l’enseignement, écoles et universités, les églises et les associations, sont les moyens modernes de formation des esprits. Nous ne sommes qu’à l’aurore des temps