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supputations sur l’âge du soleil, l’âge des étoiles, l’âge des galaxies. De la géologie, la paléontologie état du passé est l’âme même ; la radioactivité fournit d’autres moyens de connaître le passé. En biologie, les théories de l’évolution, la paléontologie et l’archéologie préhistorique. En sociologie, enfin, il y a le formidable résultat des sciences historiques, l’histoire étant un des caractères du XIXe siècle.

LA NATURE ET L’HOMME.

La Nature nous offre trois grandes satisfactions intellectuelles :

1o Elle nous montre à l’œuvre la loi d’évolution qui, du fond des temps, apporte à ces temps même la progression continue vers des formes enchaînées et toujours plus avancées.

2o Elle déploie devant nous la variété infinie des espèces, des genres et des individus réalisant chacun un des cas d’équilibre de la variation universelle.

3o Elle nous place en son sein comme au sein de la vie concrète faite des êtres et des forces qui agissent de toute leur existence sur notre propre existence.

Le sentiment que la nature inspire à l’homme correspond à l’idée qu’il s’en fait : la conception esthétique et morale varie avec la conception métaphysique.

1. Antiquité. — Dans son ensemble l’Antiquité est naturaliste. La nature est bonne : le pessimisme n’est qu’un accident de la pensée antique.

2. Moyen âge. — La nature, c’est le mal. Beauté dangereuse. Le pessimisme terrestre s’exprime par l’ascétisme et la mortification. Art à forme subtile et symbolique.

Au moyen âge on ne regardait plus la nature. On croyait la vie épuisée. Le monde avec Jésus avait fui son temps et dit son dernier mot. Hors de cette histoire privilégiée, on jugeait que rien n’était digne d’occuper la pensée. Saint Bernard ayant voyagé tout un jour le long du lac Léman demandait le soir où était le lac ! (Louis Gillet : Histoire artistique des ordres mendiants, 1912.)