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dans l’espace en la féerie des formes, des sons et des couleurs.

La première phase de l’art consiste à transmuer la sensation en perception. Et c’est sous le jour de la conscience, la seconde phase de l’épopée, la phase inverse au cours de laquelle l’homme va reconstituer, dans l’œuvre d’art, l’objet inanimé des premiers âges de l’improvisation physico-chimique : la statue et le tableau, la cathédrale, le disque et l’appareil cinématographique, où seront perpétués les gestes de la danse.

Diffusion. — L’amour de l’art est devenu l’un des grands mobiles de notre vie, un trait distinctif des peuples qui ont des aspirations supérieures. Déjà l’exaltation de l’art avait tenu dans les esprits de la Renaissance la même place que l’idée de la science tient dans l’époque moderne.

La peinture et le dessin, la sculpture et l’architecture, la musique ont ceci qui les différencie de la littérature : ils n’ont pas à employer l’intermédiaire d’un moyen d’expression aussi exclusivement national que la langue. Ils sont directement intelligibles pour les hommes de tous les pays, arrivés à quelque degré de civilisation ; ils constituent des langues universelles. Il s’en suit qu’ils ont une immense puissance de diffusion. Chaque pays les reçoit, les imite, les adapte, les combine avec ses propres créations. L’art a suivi à peu près la même évolution que l’économie et la politique, mais plus rapide.

Création et sélection. — L’artiste voit, découvre et crée incessamment ; il est doué d’une intelligence, d’une sensibilité, d’une activité plus qu’ordinaire. Placé devant mille œuvres qui sont mille formes, mille nuances, mille sujets, chacun en faisant choix trouve l’occasion d’affirmer sa personnalité, de s’élever au-dessus de la banalité, de l’indifférence, du quelconquisme.

Art d’aujourd’hui. — Des artistes (par ex. ceux de l’école moderne de Laethem-St-Martin) ont pratiqué