Page:Otlet - Monde - 1935.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la science, à son tour, aide à concevoir le monde comme universel.

De cette double universalité dérive celle de la technique.

À son tour la technique, orientée vers l’action et la réalisation, devient l’instrument de plus en plus perfectionné du progrès de l’homme et de la société, de la civilisation nouvelle, œuvre centrale de ce progrès.

4. — La science court de grands dangers. L’intelligence est poussée de toutes parts vers son développement, si les raisons s’imposent de donner place et raison à la Raison, il y a cependant danger de toutes espèces. Il y a à la fois ordre et désordre intellectuels. 1° Danger intérieur devant l’accumulation formidable des acquisitions du savoir et la difficulté de les manier à raison de la multiplicité des modes d’expression et des complications de la documentation. 2° Danger de la spécialisation à l’extrême. 3° Danger de l’orientation vers les applications pratiques coïncidant avec la démocratisation de l’État. 4° Danger dans le fait des intellectuels devenus excessivement nombreux et dont la position économique et sociale demeure inférieure à l’égard des autres classes sociales. 5° Danger du côté des forces sociales.

Des parlementaires, des financiers l’ont dit : « Il faut enchaîner le Prométhée de la science. Il ne s’agit même plus de conseiller à la science de se passer de doctrine. Il s’agit de la réprimer parce que ses découvertes développent la technique et que la technique met le régime en danger.

Déjà Byron, avec affectation, rendait responsable de nos maux « ces quatre mille personnes qui, parce qu’elles se couchent tard, croient mener le monde ».

5. — Il faut distinguer entre la science et les savants. La science de tels ou tels hommes, consciemment ou inconsciemment, n’étudie que l’accessible aux disciplines objectives et s’interdit la critique de son idéologie (de classe, de nationalité, de profession, de religion). Elle admet ainsi certains postulats qu’elle ne démontre pas.

6. — La science varie dans ses conclusions au cours de son avancement, car son point de vue se modifie. La réalité objective est une ; l’instrument de la pensée