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la vue profonde du réel qui est nécessaire pour que le mouvement prolétarien n’avance pas en tâtonnant dans l’obscurité, mais avance en suivant une route claire et précise et sache épuiser à plein ses victoires. Les intellectuels ne sont pas une classe ; ils sont une catégorie qui s’est jusqu’à présent attachée en majorité à la classe capitaliste, mais qui n’est liée à elle par aucun intérêt de classe. Plus le prolétariat s’élève haut, plus il exerce d’attraction sur les intellectuels, plus le nombre est grand dans leurs rangs de ceux qui viennent adhérer à lui. Aider à ce mouvement est une des tâches les plus importantes du socialisme. »

LA SCIENCE ET LA POLITIQUE.

Un contraste, une différence, une étonnante discordance, dit Valéry, existe entre l’état du même esprit selon qu’il se livre à la science ou aux intérêts politiques.

À la science : Travail désintéressé, conscience rigoureuse et critique, profondeur savamment explorée. Combiner la passion de comprendre à la volonté de créer. Inventer une curiosité précise et active, créer par la recherche obstinée des résultats qui se puisent, comparer exactement et ajouter les uns aux autres un capital de lois et de procédés très puissants.

Aux intérêts de la politique : Emprunt aux richesses et aux ressources de ce qu’il faut pour fortifier une politique primitive et lui donner des armes plus redoutables, plus barbares. Réserver à la politique les plus négligés, les plus négligeables et les plus vils des instruits, des idoles, des souvenirs, des regrets, des sons sans signification et des significations vertigineuses, tout ce dont la science ni les arts ne voulaient pas, et même qu’ils ne pouvaient souffrir.

LA SCIENCE ET L’HUMANITÉ.

L’intelligence s’oppose à l’instinct. Elle est la part acquise sur l’état brut primitif. Au cours des siècles, l’intelligence (l’esprit) a pris existence en soi, dégagée