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Mandchourie. Et les États-Unis, huitième grande puissance, à tout l’Extrême de l’Occident, dès 1914, sont devenus le colosse que l’on sait, mais avec une croissance déjetée, aussi dyssimétrique qu’en témoignent leurs villes, en largeur et en hauteur. Ils sont décidément non qualifiés pour agir avec attraction sur le monde qui mit toutes ses espérances en eux à une heure de 1917-1919. Les États-Unis, à la signature du Traité et du Pacte, ont faussé compagnie à tous, se plongeant dans les marécages d’un provincialisme ignorant des nouvelles réalités ; ils n’ont pas été grands dans l’affaire des réparations ; ils ont laissé apparaître la faiblesse de leur système dans le formidable krach de 1929 éclaté au moment où le Président Hoover venait d’être élu sous le signe de la « Continuous Prosperity », la prospérité continue. Ils traversent maintenant une crise qui est une véritable révolution. La manière dont la conduit le président Roosevelt fait naître de très grands espoirs. 1914-1935 : le visage du monde, les réalités du monde ont changé.

LA SOCIÉTÉ DES NATIONS.


Fait capital, après la guerre la Société des Nations a été fondée sur la proposition du président Wilson.

La Société des Nations est la limitation organisée de la souveraineté absolue. À l’avènement de celle-ci a concouru un ensemble de causes politiques particulières qui sont : l’effort des petits États pour maintenir leur existence à côté des grands ; la notion de la neutralité en vertu de laquelle sont placés, au milieu des territoires de grandes puissances, les territoires théoriquement intangibles des États neutres ; la nécessité d’alliances de plus en plus vastes pour résister aux alliances opposées, si bien que le monde entier a été entraîné dans trois ou quatre systèmes d’associations d’État ; le progrès des conceptions positives par lesquelles le pouvoir n’a d’autre fondement que son utilité eu égard à la masse des individus et l’empirisme, admissible seulement en tant qu’il est nécessaire pour le fonctionnement des services publics ; la volonté des peuples d’arracher les affai-