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l’autre ; mais la Russie et, dans une très large mesure, l’Italie, ont changé de camp, tandis que la Pologne vient occuper aux côtés de l’Allemagne la place qu’elles ont abandonnée.

La guerre a fait perdre aux Européens leur prestige aux yeux des autres peuples exotiques qu’ils dominaient jusque là, surtout aux Asiatiques. D’autre part, l’industrialisation des autres peuples, ordinairement par les Européens eux-mêmes, diminue aujourd’hui l’importance de l’Europe.

Un autre fait capital est la modification d’importance relative des États entre eux quant à leur population.

On a le tableau suivant :

  En 1788 xx En 1914
  millions rang   millions rang
Allemagne 15 1/2 4e   065 3e
Autriche 11 1/2 6e   051 1/2 4e
États-Unis 03 1/2 7e   100 1er
France 25 1er   040 6e
Grande-Bretagne 12 5e   045 1/2 5e
Italie 15 1/2 3e   035 1/2 7e
Russie d’Europe 25 2e   090 2e


L’État, de nos jours, fortifié de plus en plus, demeure pratiquement le centre et le pivot de la politique. Tous les mouvements sociaux, tous les conflits viennent retentir sur sa conception, sa composition et ses attributions. L’État doit être envisagé dans sa double existence, à l’intérieur, à l’égard de ses nationaux, à l’extérieur, à l’égard des autres États.

Deux tendances s’opposent. L’une consiste à concentrer dans l’État toutes les forces politiques des peuples, tous les pouvoirs, dont l’expression est la loi, la justice rendue et l’administration. L’autre tendance aboutit à l’attribution de pouvoirs à d’autres organismes que lui-même. Ce partage de la souveraineté prend plusieurs formes. a) Au-dessous de l’État, et subordonné à lui, c’est l’importance croissante des grandes villes, de l’autonomie locale et régionale, mouvement qui trouve son achèvement dans l’application à tous les degrés du