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l’opposé de l’ancienne politique des antagonismes, doit se poursuivre au moyen d’accords entre les concurrents, de concessions mutuelles, sur la base de coopération, en restant dans le cadre de la politique mondiale. Les partis politiques évoluent jusqu’à devenir aussi des partis internationaux (les catholiques, les socialistes, les libéraux ou radicaux). Un parti politique mondial, au-dessus des partis comme au-dessus des gouvernements nationaux, se dessine lentement, malgré les difficultés de l’heure.

Il faudrait constituer ce parti mondial, parti de la paix constructive. Un parti constitué à la manière des partis politiques, avec un objectif politique et non plus des vagues mouvements de la paix. Ce parti doit :

1° Tendre à influencer d’abord les rouages gouvernementaux en tous pays dans le sens de son programme, s’emparer ensuite de ces rouages.

2° Travailler à détruire de fond en comble les principes et les structures de l’État national qui s’opposent à la République Mondiale.

3° Il faudrait que ce parti soit composé d’éléments actifs, des meilleurs éléments anti-guerre, anti-inorganisation sociale, qui soit, même peu nombreux, le guide et le cerveau de la masse, qu’il ait sa doctrine, ses principes, sa politique et tactique fermes et propres.

ÉVOLUTION DE LA CONCEPTION DU POUVOIR.


Comme la plupart des institutions juridiques sur lesquelles ont vécu jusqu’à présent les peuples civilisés de l’Europe, la puissance publique trouve son origine première dans le droit romain. Au début le peuple y est titulaire de l’imperium et peut le déléguer à un homme. Plus tard il la transmet au prince et l’empereur concentre sur sa tête les pouvoirs que la république avait partagés entre les divers magistrats. Dans la période finale de l’empire, c’est un droit qui appartient en propre à l’empereur. Il est titulaire d’un droit de puissance (imperium et potestas), c’est-à-dire un droit d’imposer aux autres sa volonté parce qu’elle est sa volonté, parce que comme