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les résultats vont être immédiatement énormes et en sens différents.

La question est quadruple :

1o Comment sera constituée l’autorité : individu, collège ou représentation de l’ensemble ?

2o Jusqu’à quel point des hommes peuvent-ils entrer dans les cadres d’une organisation centralisée et s’y mouvoir avec suffisamment de liberté pour ne pas trop sentir le joug ?

3o Jusqu’à quel point est-il possible que des organes informateurs, coordinateurs, arrêtent des plans et les leur fassent connaître, obtiennent des adhésions intellectuelles facilitant au moins l’imposition des disciplines autoritaires ?

4o Jusqu’à quel point, de relation en relation, est-il possible de s’élever jusqu’au mondial, qui doit maintenant devenir le centre des observations, des critiques et des propositions coordonnées ?

REFORME ET UTOPIE.

La Réforme. Le Renouveau. L’utopie. — Réformateurs, novateurs, créateurs, utopistes, la société à toutes les époques en a connus. Et toujours devant eux se sont dressés et les difficultés des choses et les adversaires de leurs innovations. On a reproché aux utopistes de considérer les hommes comme des créatures idéales, aptes à s’astreindre ou se soumettre à des règles générales et à des disciplines rigides, ainsi que des moines dans des monastères ou couvents, ou des soldats obéissant sans réserve aux injonctions ou ordres les plus rigoureux. On a dit que les utopistes sont des dictateurs qui ne tiennent pas compte des réactions, forces ou tendances naturelles, non plus que des obstacles ou résistances extérieures aux États ou milieux qu’ils conçoivent et veulent édifier. Et cela tandis que l’expérience et la civilisation prouvent que l’on ne va pas impunément contre les forces naturelles, économiques ou sociales, pas plus que contre les aspirations qui sont le propre du tempérament humain.