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de la matière. On ne doit donc pas s’étonner s’il a envers l’usine le même état d’esprit qu’avait le galérien envers le navire auquel il était enchaîné ; il est plus heureux que l’antique galérien en ce sens que, si le galérien ne pouvait jamais s’éloigner du banc où il était attaché, lui, le galérien moderne est rendu à la liberté chaque jour durant quelques heures pour pouvoir dans ce moment de loisir se nourrir, se reproduire et chercher dans des plaisirs vulgaires et bas le stupéfiant nécessaire à oublier l’insupportable monotonie de sa vie quotidienne, sauf à se laisser, dès l’aube du lendemain, tirer docilement par la puissante et invisible chaîne du besoin qui le ramène de la maison à l’usine. (A. Tilgher)

Classe ouvrière. Prolétariat. — Karl Marx a lancé son appel prolétarien. Il a organisé ainsi la lutte des classes, latente jusque-là. Le marxisme a trouvé sa réalisation en Russie.

« Pourquoi déteste-t-on et hait-on le marxisme ? dit Anseele. Parce qu’il a imprimé dans l’âme prolétarienne deux devises indélébiles : Travailleurs de tous les pays, unissez-vous. Votre émancipation sera votre propre œuvre. Le socialisme unit les travailleurs. Le corporatisme les divise. L’histoire de Gand nous montre que notre ville a connu les méfaits de ces régimes. Nous avons connu le lundi sanglant où les tisserands et les foulons se massacraient entre eux au nom des droits de leurs corporations. Le corporatisme dit au travailleur : « Je vous lie à votre industrie ». Le socialisme leur dit : « Je vous lie à votre classe ». Qui veut l’unité des travailleurs et l’unité des peuples est avec nous, contre le corporatisme et le fascisme. »

Un jour viendra où il sera dit aux ouvriers et à tous : « Je vous lie à l’Humanité qui s’élargit et au Monde qui s’édifie. »

LE SYNDICALISME.


Première phase. — a) Les syndicats sont faibles et disposent de peu de ressources. Ils entreprennent souvent