Page:Otlet - Monde - 1935.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

5. — D’où appel à l’épargne en faisant valoir des rendements et plus-values considérables.

6. D’où une multiplication des moyens de produire, un accroissement de potentiel ne répondant à aucun débouché réel.

7. Mais des immobilisations nouvelles doivent être rentées et amorties. D’où aggravation des prix de revient et diminution des dividendes.

8. — D’où les stocks et la baisse des prix.

9. — D’où la crise boursière.

10. — Alors vient la diminution des salaires.

11. — Et la demande d’aide à l’État sous forme de dégrèvement d’impôt, de diminution des charges sociales du travail (assurances) et de droits de douane, suivi bientôt de diverses mesures d’économie plus ou moins dirigée. L’État jusque là strictement politique est subitement obligé de s’imposer « économique ». Empiriquement, il entre dans la voie des interventions, sans plan d’abord, peu à peu avec plan et en empruntant aux adversaires du système une partie de leurs mesures préconçues pour un régime socialiste et même communiste. La révolution économique s’opère ainsi sans révolutionnaires.[1]

  1. Le Pape Pie XI, dans son Encyclique «Quadragesimo Anno», s’est exprimé ainsi :

    « Ce qui, à notre époque, frappe tout d’abord le regard, ce n’est pas seulement la concentration des richesses, mais encore l’accumulation d’une énorme puissance d’un pouvoir économique discrétionnaire, aux mains d’un petit nombre d’hommes qui d’ordinaire ne sont pas les propriétaires, mais les simples dépositaires et gérants du capital qu’ils administrent à leur gré. Ce pouvoir est surtout considérable chez ceux qui, détenteurs et maîtres absolus de l’argent, gouvernent le crédit et le dispensent selon leur bon plaisir. Par là, ils distribuent en quelque sorte le sang à l’organisation économique dont ils tiennent la vie entre leurs mains, si bien que sans leur consentement, nul ne peut plus respirer. Cette concentration du pouvoir et des ressources, qui est comme le trait distinctif de l’économie contemporaine, est le fruit naturel d’une conscience dont la liberté ne connaît pas de limites ; ceux-là seuls restent debout qui sont les plus forts ; ce qui souvent revient à dire qui luttent avec le plus de violence, qui sont les moins gênés par les scrupules de conscience. »