Page:Otlet - Monde - 1935.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du monde connu. Des groupes d’hommes essaimaient partout et leurs colonies provoquaient un mouvement commercial en Espagne, au Portugal, en France, en Angleterre, en Hollande. En même temps, à l’intérieur de ces pays le marché s’élargissait entre les diverses parties de chaque État ; le réseau des routes se créait ; grâce aux banques l’argent acquérait de la mobilité. Pour le marché ainsi triplé, quadruplé, décuplé, même dans son étendue et dans ses facultés d’absorption, bien qu’il demeurât toujours encore national, il fallait produire davantage, et pour produire davantage, il fallait produire autrement. Ne pouvant accroître le nombre des ouvriers, on songea tout naturellement à la production mécanique. Dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, grâce aux recherches des professionnels et des savants dans les industries des mines, du coton, du fer, de la papeterie, des transports, de l’éclairage, des produits chimiques, une profonde transformation de l’outillage et de la production s’est ébauchée. Elle est visible surtout en Angleterre, en France, aux États-Unis. La grande industrie, maîtresse de la vapeur (Watt), et désormais liée à la science, s’y est organisée sur un modèle nouveau qui va se propager à travers le monde. D’Angleterre et de France, pays où la grande industrie eut son origine, les courants d’imitation se sont dirigés de l’Ouest à l’Est, traversant le Luxembourg, la Suisse, l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, bifurquant de là sur la Russie d’une part, sur les pays balkaniques d’autre part. Ils se sont propagés aussi du Centre au Nord par la Belgique, les Pays-Bas, les Pays Scandinaves, et du Centre au Sud, poussant à travers les Alpes jusqu’en Italie et en Grèce, à travers les Pyrénées jusqu’en Espagne et en Portugal. En Amérique, le courant a commencé à venir du vieux monde. Il a marché de l’Est à l’Ouest, du Sud au Nord, vers le Canada et, dans la direction contraire, vers le Mexique et l’Amérique du Sud. L’Asie a été entamée par terre et par mer ; deux ondulations marquées par les chemins de fer transcontinentaux vont d’Occident en Orient ; puis venant de toutes les colonies européennes, des Indes en parti-