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Les Systèmes divers


La conception du monde se trouve placée dès le début de son exposé devant trois systèmes différents qui ont manifesté leur influence au cours des siècles. Le premier système est l’enregistrement pur et simple des faits et leur enchaînement selon un ordre strictement expérimental et d’observation. C’est le système dit positif, celui de l’analyse.

Le second système, dit de la synthèse, en s’autorisant des lois de la pensée logique et en y ajoutant des données de l’intuition même, l’hypothèse, l’interpolation, le passage à la limite ; il est impatient de conclure, d’avoir des réponses même provisoires aux problèmes qui sollicitent l’esprit.

Le troisième système est celui de la pensée religieuse. Pour elle l’ordre naturel auquel peut accéder la raison est doublé d’un ordre surnaturel auquel il est accédé par la foi, c’est-à-dire par des vérités révélées.

Ces trois systèmes agissent en réagissant constamment l’un sur l’autre soit qu’ils aient à traiter des mêmes éléments et le font de manière différente soit qu’ils adoptent à l’égard l’un de l’autre l’attitude critique ou apologétique et se forcent ainsi réciproquement à s’exprimer, à préciser, à se compléter.

Trois tableaux placés en liminaire aux études de détail jettent de la lumière sur cette imbrication de systèmes. Quel que soit celui auquel l’esprit accorde son adhésion, la discussion même nécessite d’en connaître la structure. Des places logiques y doivent être faites aux données de quelque ordre soient-elles, et cela d’une manière tout d’abord formelle, indépendante de décision quant au fond.