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latifs et, pris en fonction l’un de l’autre, ils constituent un système. Toute modification dans la conception de l’un d’eux entraîne des modifications corrélatives dans la notion des autres. Il faut être donc précis et systématique au risque de ne point s’entendre sur les fondements mêmes de ce qu’on veut édifier.

Association implique action réciproque d’un corps sur un autre. Son fait capital c’est qu’elle constitue non seulement une addition à la puissance vitale mais une multiplication de cette puissance. Un homme isolé soulève 30 kilos ; cent individus soulèvent non 3,000 mais 300,000 kilos et plus. Trente ouvriers se partageant la besogne peuvent fabriquer par jour 15,000 cartes à jouer, soit 500 par tête ; travaillant séparément chaque ouvrier pourrait fournir au plus 2 cartes par jour. L’association donne donc dans ce cas une puissance de 250 fois supérieure à la simple addition de forces. (Exemples cités par J.-B. Say.) On peut s’imaginer les immenses forces latentes que peut mettre en œuvre l’association érigée au degré international. L’association s’effectue par un échange de services, autrement dit par une circulation vitale. L’association est un moyen ; la fin est l’intensité vitale de l’individu ; car, il ne faudrait jamais le perdre de vue, l’association comme telle n’est qu’une entité métaphysique sans réalité concrète. Le but vers lequel tendent tous les organismes c’est le maximum d’intensité vitale, en d’autres termes le maximum de conscience. Depuis l’apparition des animaux les plus inférieurs jusqu’à la formation des sociétés humaines les plus parfaites, la direction vers ce but s’accuse de plus en plus. Le progrès se marque par la transformation de l’inconscient vers le conscient. Tout ce qui favorise le mouvement dans cette direction s’appelle le bien ; tout ce qui le contrarie est le mal.


Histoire des doctrines concernant la société. — Les Anciens, après eux les Chrétiens, envisagent la Société comme d’institution divine. Lucrèce cependant esquisse déjà une théorie d’après laquelle la société serait d’invention humaine. Les Pères de l’Église, saint Thomas