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Notion de l’association. — L’association est un phénomène universel dans la nature et non seulement parmi les hommes. Elle se retrouve dans l’univers à tous les degrés de l’échelle, depuis les atomes de la vie inorganique jusqu’aux sociétés beaucoup plus complexes des animaux (familles, troupeaux, bandes)[1]. On ne peut fixer aucune limite à l’association.

Tout ce qui existe vraiment existe en tant que synthèse plus ou moins imparfaite, association plus ou moins discordante. Nous ne connaissons rien de la société à l’atome qui puisse s’affirmer absolument simple. Et ce qui fait l’unité, et par conséquent l’existence de l’atome, de l’individu biologique, de l’âme de la société, c’est l’association.

L’homme vit en société. Comme on ne connaît pas d’hommes vivant avec continuité hors de la société, celle-ci est donc la condition normale de l’homme. Qu’est-ce que la société ? Quelle est sa nature ? Sur quoi se repose-t-elle ? Quelles sont les conditions générales de l’existence et de l’évolution des sociétés ? La réponse à ces questions doit embrasser les associations de tous degrés et fournir les éléments d’une théorie générale de la société sur laquelle puisse s’appuyer à son tour l’édification d’une Société des Nations. Il ne faut pas perdre de vue en effet que les mots de : gouvernement, individu, droit, devoir, arbitraire, loi, justice, liberté, indépendance, coercition, force, etc., sont susceptibles de plusieurs définitions. Ces termes au surplus sont corré-

  1. Il existe des sociétés animales. Il faut distinguer aussi les associations entre individus d’espèces différentes (parasitisme, symbiose) de celles entre individus de mêmes espèces. L’intérêt est à la base des unes et des autres. Dans les sociétés animales les plus parfaites, comme celle des abeilles, l’adaptation aux diverses fonctions sociales est si étroite qu’il en est résulté un polymorphisme, plus ou moins varié, c’est-à-dire qu’une même espèce, d’après les fonctions des individus, offre des formes différentes (reines, faux bourdons, ouvrières, chez les abeilles). On constate chez les fourmis et les termites un polymorphisme du même ordre. — A. Espinas, Les sociétés animales (1878 et 1883). — Romanes, L’intelligence des animaux (1899). — Le Dantec, Traité de biologie (1903).