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descendra à 82.3 et tous les deux, ainsi modifiés dans leur forme craniologique, se rapprocheront de la moyenne américaine.

LES GÉNIES. — LES GRANDS HOMMES.


Dans chaque siècle, a écrit Victor Hugo, trois ou quatre génies entreprennent cette ascension. D’en bas on les suit des yeux. Ces hommes gravissent la montagne, entrent dans la nuée, disparaissent, reparaissent. On les épie, on les observe. Ils côtoyent les précipices, un faux pas ne déplairait point à certains spectateurs. Les aventuriers poursuivent leur chemin. Les voilà haut — les voilà loin, ce ne sont plus que des petits points noirs. Comme ils sont petits ! dit la foule. Ce sont des géants. Ils vont. La route est âpre. L’escarpement se défend. À chaque pas un mur, à chaque pas un piège. À mesure qu’on s’élève le froid augmente. Il faut se faire son escalier, couper la glace et marcher dessus, se tailler des degrés dans la haine. Toutes les tempêtes font rage. Cependant ces insensés cheminent. L’air n’est plus respirable. Le. gouffre se multiplie autour d’eux. Quelques-uns tombent. C’est bien fait. D’autres s’arrêtent et redescendent, il y a de sombres lassitudes. Les intrépides continuent, les prédestinés persistent. La pente redoutable croule sous eux et tâche de les entraîner. La gloire est traître. Ils sont regardés par les aigles, tâtés par les éclairs, l’ouragan est furieux. N’importe ils s’obstinent. Ils montent. Celui qui arrive au sommet est ton égal, Homère.

Et jetaientLes pensées !
Ô leurs essors fougueux, leurs flammes dispersées,
Leur rouge acharnement ou leur accord vermeil !
Comme là-haut les étoiles criblaient la nue,
Elles se constellaient sur la plaine inconnue ;
Elles roulaient dans l’espace, telles des feux,
Gravissaient la montagne, illuminaient le fleuve
Et jetaient leur parure universelle et neuve
De mer en mer, sur les pays silencieux