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Les Bibliothèques publiques dignes de ce nom sont des collections d’ouvrages systématiquement choisis dans toutes les branches des connaissances ou dans la spécialité qui fait l’objet de l’institution, parfaitement catalogués et largement mis à la disposition des lecteurs qui peuvent y recourir comme à de vastes offices d’information et de documentation.

Les Bibliothèques comprennent en même temps tout le produit du travail intellectuel et les moyens d’accroître ces produits. Elles sont à la fois les magasins, les laboratoires et les instruments de la science. Au point de vue de l’enseignement et de la diffusion des connaissances, elles sont les alliées et les compléments de l’École et de l’Université, et doivent fonctionner comme éléments mêmes de l’organisation de l’éducation du Peuple.

La Bibliothèque publique est un organe collectif qui a pour but de socialiser la lecture et d’en faire un service public de l’ordre intellectuel et éducatif. Au lieu d’obliger chacun à se procurer individuellement des livres et à les lire chez lui, la bibliothèque réunit des collections mises à la disposition de tous et pouvant être consultées et lues dans des salles communes.

La Bibliothèque moderne s’est transformée. Elle était une force passive, une énergie latente, un simple potentiel d’énergie. Elle est devenue une force active pour la communauté, une énergie déclanchée. Elle est au premier chef, un organisme social.

La Bibliothèque publique est le véritable organisme social qui doit faire naître et développer l’intérêt du public pour les choses de l’esprit. Petites ou grandes, toutes les bibliothèques devraient aider à la diffusion de la pensée.

L’expérience prouve que ce ne sont pas les lecteurs qui manquent mais les bibliothèques qui sont inadaptées aux lecteurs.

La Bibliothèque est un « laboratoire », c’est le laboratoire ou atelier intellectuel outillé et agencé à cette fin. Carlyle a dit : « La véritable université, à notre époque, c’est une collection de livres. »