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loppa extraordinairement vite sous l’influence enthousiaste de Justus Liebig (1803-1873), et fixa bientôt l’intérêt. Tous les jours, on découvrait des corps nouveaux et ces trésors si rapidement acquis demandaient à être bien classés. La conception et la classification des produits organiques devinrent alors une question fondamentale.

En chimie inorganique, s’était développée une vue que Berzélius, avec une énergie opiniâtre, voulut appliquer au nouveau royaume : c’était le dualisme électrochimique, d’après lequel toute combinaison possède deux parties constitutives : l’une positive, l’autre négative.

Les découvertes de Richter nous ont déjà montré l’importance, fondamentale pour le développement des théories chimiques, de cette représentation provenant de l’étude des sels, et nous la retrouverons encore maintes fois. Le point de vue dualiste convient très bien pour les sels halogènes, qui ne sont formés que de deux éléments ; mais, pour les sels oxygénés, contenant au moins trois éléments, naissent déjà des difficultés. Selon Berzélius, ces sels se composent d’un oxyde basique et d’un oxyde acide (l’anhydride d’acide) ; c’est l’origine du concept de radical ou complexe d’atomes, qui se comporte comme un élément, en ce qu’il peut passer d’une combinaison à l’autre, sans que sa composition se modifie.

On recourut à ce concept de radical pour systé-