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quantitatives pour les poids de combinaison commençait à fixer l’attention des chimistes. On pourrait croire que Dalton salua cette découverte comme un appui précieux apporté à ses vues personnelles, puisqu’elle établissait l’existence de rapports particulièrement simples entre le nombre des atomes et le volume des gaz. Mais, ni à ce moment, ni jamais dans la suite, Dalton ne voulut se convaincre de l’exactitude de la loi de Gay-Lussac : exemple instructif de la psychologie des savants.

Berzélius s’occupait alors très activement de vérifier les conséquences quantitatives de l’hypothèse de Dalton et saisissait avec empressement tous les moyens qui pouvaient conduire à la détermination des poids atomiques. Il reconnut tout de suite l’importance que la loi de Gay-Lussac avait pour la question, et chercha bientôt à l’y appliquer.

Les gaz se combinent selon leurs poids équivalents, et ils se combinent dans des rapports de volume simples. En rapprochant ces deux faits, on est vite amené à penser que les poids de volumes égaux peuvent être regardés comme proportionnels aux poids atomiques. Il y aurait là un moyen de trouver sans ambiguïté, parmi tous les multiples du poids équivalent le vrai poids atomique. Les poids atomiques seraient proportionnels aux poids de volumes égaux des gaz ou à leurs densités, et des volumes égaux des différents gaz contiendraient exactement le même nombre d’atomes.