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ou équivalents chimiques de Jérémias-Benjamin Richter (1762-1807). Ce savant, mort jeune, était, soit dit en passant, chimiste technicien de carrière, et il ne fut jamais professeur. C’était un de ces hommes heureux qui connaissent nettement leur vocation ; il s’était dès l’abord imposé comme tâche l’application des mathématiques à la chimie, et s’était attaché à ce travail, malgré toutes les déceptions et les rebuffades qu’il dut éprouver. Il a réussi à découvrir une clef de voûte dans les fondations de notre science au point de vue quantitatif. Sa façon de penser était si personnelle et s’écartait tant du grand chemin que jusqu’à nos jours elle n’a pas été comprise et estimée comme elle le méritait.

Richter part d’un fait si anciennement connu, que déjà dans ce temps-là tout le monde en disait : « cela va de soi » sans y réfléchir davantage. Mais on dit précisément « cela va de soi » des choses sur lesquelles on n’a pas réfléchi : au contraire, on peut faire de très remarquables découvertes si l’on comprend qu’il y a lieu de s’en étonner. Le fait qui frappa Richter était que la solution obtenue par le mélange de deux solutions salines neutres reste également neutre.

Quoi de plus naturel que cette simple vérité ? Il ne serait même pas difficile de trouver un philosophe pour prouver que, les deux solutions étant, au point de vue acide et au point de vue