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Je répète encore que, au point de vue moderne, Berthollet avait parfaitement raison. Seulement, dans l’application de ces idées justes, il faisait une grosse faute. Il admettait que cette indétermination de la combinaison était toujours assez grande pour être mise en évidence par l’analyse. C’était son tort ; il devait plutôt demander à l’expérience dans quelle mesure cette indétermination générale intervient ; et il aurait constaté que la technique des préparations était depuis longtemps en possession de méthodes conduisant à des substances de composition si constante que tout l’art de l’analyse chimique de son temps était loin d’y pouvoir déceler la moindre variation.

C’est ce qu’énonça un autre chimiste de l’époque, Joseph-Louis Proust (1755-1826). Contrairement à Berthollet, Proust n’était influencé par aucune théorie, mais il analysait de son mieux des substances naturelles et artificielles ayant des propriétés déterminées, sans pouvoir trouver aucune différence de composition selon le lieu d’origine ou le mode de préparation de ces substances. S’il prenait divers échantillons caractérisés par les mêmes propriétés physiques, l’analyse lui donnait toujours les mêmes éléments dans les mêmes proportions.

Proust montra que dans certains cas allégués par Berthollet, entre autres celui des oxydes de fer, dont la richesse en fer est variable, il s’agissait de mélanges en proportions variables de subs-