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chimiquement, et, à l’égard de toutes les propriétés ordinaires, il est si parfaitement semblable aux autres éléments, qu’on a pu, dans le tableau général de Mendeleieff, lui assigner une place bien déterminée, qui était restée vacante auparavant, parce qu’on était sûr de découvrir tôt ou tard un élément correspondant.

Mais, sur un point capital, le radium et toutes ses combinaisons sont tout à fait différents des autres substances. Il semble enfreindre constamment la loi de la conservation de l’énergie, car il dégage sans cesse de l’énergie sous diverses formes. Notamment, il émet des rayons spéciaux, qui impressionnent la plaque photographique et rendent l’air conducteur ; en outre, il dégage constamment de la chaleur, en sorte que sa température est toujours plus haute que celle du milieu ambiant. L’existence de cette substance menaçait donc de renverser la loi fondamentale de la science, et on pouvait rêver d’un avenir, où sans arrêt et sans épuisement, un poêle, construit avec des briques de radium, chaufferait nos appartements, et peut-être même actionnerait nos machines. La rareté du radium rendrait au début cette énergie trop coûteuse, mais ce n’est pas un obstacle pour le technicien, qui chercherait de nouvelles sources de radium capables de le fournir à meilleur marché.

On résolut enfin l’énigme, ou, plus exactement, on amorça une solution permettant de sauver la