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et dire : les éléments sont des substances pures qui n’éprouvent que des transformations hylotropes, quelles que soient les influences énergétiques auxquelles elles puissent être soumises.

Il résulte des explications qui précèdent que les deux définitions reviennent pratiquement au même, mais la seconde est bien plus générale et dépend beaucoup moins de suppositions tacites. Car, à la question de savoir si d’une substance quelconque est tirée une autre substance, il faut d’abord répondre en employant la première définition, mais on ne peut pas donner de réponse nette sans fixer la différence entre le concept de substance pure et celui de solution. Ici, comme partout dans l’histoire de la science, on retrouve cette vérité d’expérience : on n’arrive qu’en dernier à ce qu’il y a de plus simple.

Ce sont là de pures questions de forme et de méthode, ne modifiant pas positivement la notion d’élément, et ce point de la science semblait être le plus sûr et le moins discuté. Mais on a observé tout récemment des faits de nature à le bouleverser profondément. Je veux parler du radium, cette substance surprenante, qui, découverte par M. et Mme Curie, fait aujourd’hui l’objet d’un chapitre tout à fait nouveau. Le radium est un élément qui forme des combinaisons tout à fait semblables à celles du baryum, auquel il est analogue. Il résiste à toutes les tentatives faites pour le décomposer