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alors ; en dernière instance, tout phénomène rentrerait dans la mécanique des atomes. Mais Leibnitz avait déjà observé très justement que les phénomènes psychiques restaient alors inexpliqués.

Si, par un procédé quelconque, on nous rendait perceptibles tous les mouvements des hypothétiques atomes cérébraux qui accompagnent un phénomène psychologique donné, nous ne verrions que des corpuscules en mouvement, mais non la pensée correspondante, dont la genèse resterait aussi obscure qu’auparavant.

L’importance de l’objection demeura jusqu’à Dubois-Reymond qui la reprit, il y a moins de trente ans ; il y vit un obstacle insurmontable à la conception mécanique de l’Univers. Il était tellement convaincu de la justesse de cette dernière théorie qu’il ne put conclure à son insuffisance, et qu’il crut devoir constater l’existence d’une barrière infranchissable à l’entendement humain. Cette attitude caractérise la domination à peu près indiscutée de la théorie mécanique de l’Univers, du moins parmi les professionnels des sciences expérimentales, au temps de la découverte de la loi de l’Énergie ; on y trouve l’explication psychologique de l’interprétation volontairement étroite de la conservation de l’Énergie, que nous avons exposée plus haut.

Mentionnons ici une autre conséquence du même système, la division de l’Énergie en énergie ciné-