Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/312

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

(mort en 1841) et C.-B. Desormes (1777-1862) éclaircirent cette énigme.

Le résultat de leurs recherches fut que l’acide azotique, ou plutôt un composé moins oxygéné de l’azote, transporte de l’oxygène sur l’acide sulfureux, en s’oxydant aux dépens de l’oxygène de l’air, puis en se réduisant au contact de l’acide sulfureux. L’appareil avec lequel ils montraient ce phénomène est encore aujourd’hui en usage dans l’enseignement. C’est un gros ballon, où on introduit de l’acide sulfureux, de la vapeur d’eau, du bioxyde d’azote et de l’air. Leur théorie est encore enseignée. Ici, comme dans le cas de l’acide arsénique, l’accélération tient à ce que l’oxydation du bioxyde d’azote en peroxyde au contact de l’air, d’une part, et celle de l’acide sulfureux par le peroxyde d’azote, d’autre part, s’effectuent beaucoup plus vite que l’oxydation directe de l’acide sulfureux par l’oxygène de l’air. D’après cela, l’acide sulfureux et l’oxygène de l’air mis en présence de petites quantités d’oxydes d’azote donnent très rapidement de l’acide sulfurique, parce que les oxydes d’azote transportent l’oxygène sur l’acide sulfureux.

Cette théorie fut bientôt acceptée ; elle s’est conservée jusqu’à nos jours. Les doutes qui ont été émis dans l’intervalle avaient trait non à la théorie elle-même, mais à la nature des produits intermédiaires, question dans laquelle nous n’avons pas à entrer ici. Il faut remarquer que Berzélius, dans