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taux avec un esprit nitro-aérien, c’est-à-dire un gaz qu’il retirait du salpêtre ; mais les expériences et les déductions de ce savant, qui est mort jeune, étaient restées inconnues. Après que Scheele et Priestley eurent préparé l’oxygène et décrit ses propriétés, vers la fin du xviiie siècle, Lavoisier put choisir entre la théorie du phlogistique et la théorie inverse, et il expliqua la formation des chaux par une combinaison avec l’oxygène et la production des métaux par une perte d’oxygène. Il montra de même que des substances non métalliques, comme le soufre et le phosphore, augmentaient de poids en brûlant. Sa théorie de la combustion se trouvait ainsi généralisée.

Si grand que soit ce progrès, on en a généralement exagéré l’importance. Car la théorie du phlogistique avait déjà résolu ce qu’il y a à proprement parler d’essentiel, la systématisation des combustions, et il ne restait plus guère qu’à prendre symétriquement l’inverse des idées relatives à la combinaison et à la décomposition. Il fallait, d’ailleurs, une très grande liberté d’esprit pour reconnaître la possibilité de ce bouleversement à l’encontre des idées courantes. De plus, en collaboration avec quelques-uns de ses contemporains, Lavoisier a organisé une conception nouvelle de la classification et de la nomenclature, et, par sa perspicacité et sa méthode, il a beaucoup contribué à diffuser rapidement ces concepts.