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réduction ; par elle, la science les a acquises d’une façon durable. Que les vues sur la matière, qui étaient encore tout à fait vagues, fussent bientôt orientées en sens inverse, c’était relativement moins important. L’observation journalière de la destruction des corps qui brûlent, bois, huile, etc., conduisait naturellement à s’imaginer que, par la combustion, quelque chose disparaît. Ce qu’il y a d’essentiel, c’est de reconnaître qu’il s’agit ici de phénomènes généraux et réciproques, combustion et régénération ou oxydation et réduction, et la théorie du phlogistique l’exprimait à merveille. Elle a été comprise de cette façon par les chimistes d’alors. Un fait le prouve : Scheele et Priestley, qui ont découvert l’oxygène et qui étaient tous deux de purs expérimentateurs, ont accepté pendant toute leur vie la théorie du phlogistique, dans laquelle ils avaient trouvé pour leurs expériences un excellent guide.

Puis, la science continuant à se développer, on s’occupa des poids relatifs des substances réagissantes : alors seulement la théorie du phlogistique se heurta à une grosse difficulté. Elle supposait que les chaux métalliques étaient les substances les plus simples et se combinaient avec le phlogistique pour donner les métaux ; si on enlevait à ces métaux leur phlogistique, ils revenaient à l’état de chaux. Mais les chaux pèsent plus lourd que les métaux d’où elles proviennent. Ce point avait déjà été établi, avant 1669, par Mayow, pour la combinaison des mé-