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tion en prouvant dans chaque cas particulier, que la présence des êtres vivants était nécessaire. On connaissait déjà des cas dans lesquels ces catalyseurs organiques ou ferments pouvaient être séparés de l’organisme, et produire les mêmes effets indépendamment de lui : la diastase de l’orge germée, qui, in vitro, transforme l’amidon en sucre, en est un exemple. Il n’y vit pourtant que des ferments non figurés, et il en distingua les ferments figurés qui, liés aux êtres vivants, ne sont actifs que pendant la vie des cellules. Depuis lors, on a reconnu que, dans cette distinction artificielle, il s’agit d’un simple problème technique : extraire le ferment de l’organisme sans le détruire. Quand les ferments ont une grande stabilité, cela ne fait aucune difficulté, ce sont des ferments non figurés connus depuis longtemps. Mais quand l’opération est difficile, si on veut montrer que l’action de ces ferments est indépendante de la vie, il faut d’abord trouver une méthode d’extraction, qui les laisse inaltérés. L’expérience de Lüdersdorff, que nous venons de rappeler, aurait donné un résultat inverse, si le broyage de la levure avait été assez rapide pour ne pas laisser à l’air et à d’autres causes le temps de détruire le ferment. Plus récemment, Buchner a réussi à extraire le ferment avec plus de précaution et de rapidité, et on a reconnu que le ferment de la levure était un ferment non figuré et que Pasteur s’était trompé sur ce point aussi.