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réaction est sensiblement indépendant de la température ; par contre, il dépend de la nature des corps mis en présence et de leur constitution, mais ceci rentre dans la stœchiométrie et non dans la cinétique chimique.

On voit que ce cas est beaucoup plus compliqué que celui de l’inversion du sucre, où la variation de la masse de sucre, et, par suite, la concentration en sucre, est la seule modification dont on ait à tenir compte pendant la réaction[1]. Ensuite, le phénomène de l’inversion est pratiquement complet, et les produits constitués ne peuvent, dans les conditions où on opère, se recombiner pour donner les corps d’où on est parti.

Dans la formation des éthers interviennent deux corps, acide et alcool, qui disparaissent, et dont, par conséquent, les concentrations varient simultanément pendant la réaction ; puis la réaction n’est jamais complète et s’arrête avant que la totalité des produits employés soit combinée. Cela tient à ce que, comme Berthelot et Péan de Saint-Gilles l’ont expressément démontré, l’éther et l’eau donnent lieu dans les mêmes conditions à la réaction inverse, c’est-à-dire forment de l’acide et de l’alcool :

  1. Chimiquement on peut représenter le phénomène par l’équation C12 H22 O11 + H2O = 2 C6 H13 O6 où le terme de droite C6 H13 O6 indique parties égales de dextrose et de lévulose. Il est vrai qu’avec le sucre il disparaît un peu d’eau, mais, puisque on opère en solution étendue, la variation de la masse d’eau est si faible qu’on peut la négliger.