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explication pour l’influence de l’action de masse, qui s’imposait de plus en plus.

On avait tenu auparavant pour insoluble le problème, qui consistait à mesurer l’état chimique d’un mélange homogène sans en troubler l’équilibre ; on reconnut qu’il devenait accessible, quand on l’abordait avec des procédés physiques sans recourir à l’analyse pondérale. Dans la mesure où s’augmentait et se multipliait l’application des méthodes physico-chimiques, on voyait toujours plus clairement que, même dans les mélanges homogènes, l’état d’équilibre admis par Berthollet, et d’après lequel, dans un système quelconque, tout corps satisfait ses affinités selon sa masse propre, était la règle absolue, et que, si quelques réactions paraissaient complètes, cela tenait pour la plupart à ce que les produits, auxquels elles donnaient naissance, se dégageaient sous forme gazeuse, ou se précipitaient à l’état solide. Les idées de Berthollet furent peu à peu remises en honneur, et Guldberg et Waage, à Christiania en 1867, les présentèrent sous une forme mathématique suffisante pour donner une confirmation quantitative des prévisions théoriques. Le fameux reproche de Kant, disant que la chimie n’était pas une science, parce qu’elle n’était pas traitée mathématiquement, était pour la première fois écarté.

Le travail fondamental de Cato M. Guldberg (1836-1902) et Peter Waage (1833-1900) attira peu