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représentations qu’on pouvait se faire auparavant relativement à la constitution des corps. Comme nous l’avons vu, on croyait pouvoir communiquer à tous les corps une propriété arbitraire quelconque par des opérations convenables. Mais les alchimistes, ne réussissant pas à faire de l’or à volonté, furent précisément amenés à s’apercevoir qu’ils ne pouvaient obtenir d’or qu’en partant de corps tout à fait déterminés, ceux que l’on a désignés plus tard comme les combinaisons de l’or.

Lentement reconnue à partir du xviie siècle, cette loi de la conservation des éléments est une conséquence immédiate de l’expérience. La possibilité de retirer les métaux nobles, comme l’argent et l’or, de leurs produits de transformation, c’est-à-dire de leurs solutions dans les acides, qui a contribué à établir cette loi, a conduit les alchimistes à admettre que ces métaux, même après leur disparition, continuent en quelque sorte à être présents dans leurs produits de transformation. De nombreux passages de Van Helmont (1577-1644) supposent même la connaissance plus importante d’un principe plus général : les masses des corps que l’on peut retrouver ainsi à la fin de l’expérience sont égales à celles que l’on a mises en jeu au début de la réaction. Il montre, par exemple, qu’on peut obtenir du verre en fondant ensemble du sable et de la potasse, et que, en décomposant ce verre par des acides, on retrouve le poids du sable primitif.