En développant ces vues générales, Berthollet s’appuyait, d’une part, sur des expériences qu’il avait instituées dans ce but, et, d’autre part, sur des vues intuitives, auxquelles il attribuait sans doute plus d’importance. Il regardait les phénomènes chimiques comme dus à une certaine gravitation entre les atomes, et il avait le ferme espoir qu’une mécanique chimique se développerait bientôt, qui serait comparable à la mécanique céleste. Il est intéressant de remarquer que T. Bergman, aux vues de qui Berthollet était nettement opposé, s’était appuyé aussi sur l’hypothèse d’une gravitation entre les atomes, ce qui montre que les hypothèses générales influent bien peu sur les conséquences qu’on en tire ; dans les deux cas, seuls les faits chimiques connus par les deux chercheurs ont agi sur la formation de leurs pensées.
En ce qui concerne l’action de masse, Berthollet avait un précurseur, C.-F. Wenzel (1740-1793), à qui on a faussement attribué les découvertes de Richter ; il avait exprimé la loi quantitative de l’action de masse avec toute la clarté désirable. Dans un livre sur l’affinité, publié en 1777, il ne cherche rien moins qu’une évaluation numérique des forces chimiques, et, bien plus, les principes d’où il part ne prêtent guère aux objections. Il était guidé, lui aussi, par une analogie mécanique. Un corps se mouvant d’autant plus vite que la force qui agit sur lui est plus grande, il attribua une affinité