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priétés comme ce qu’il y a de plus élémentaire. Comme on le sait, les chimistes étaient alors hantés par l’idée de fabriquer de l’or en partant de métaux communs et bon marché. Nous dédaignons comme une singulière aberration de l’esprit les efforts du moyen âge pour réaliser cette transformation. Cela n’est pourtant pas légitime, pas plus qu’il ne le serait, par exemple, de juger aussi cavalièrement les tentatives faites de nos jours pour reproduire les albumines. Car, en se plaçant au point de vue théorique de l’époque, il semblait possible de communiquer à un corps donné, par des opérations convenables, une propriété quelconque, tout comme il nous semble possible de combiner chacun de nos éléments avec un autre élément quelconque. Seule, l’expérience de plusieurs siècles a convaincu les savants qu’il est impossible de transformer un métal en un autre. C’est là un fait d’expérience, qui, comme tel, n’a rien de commun avec les considérations d’une logique a priori. La production artificielle de l’or était pour la science du moyen âge un simple problème technique, comme celle du diamant l’est aujourd’hui pour nous.

La pierre philosophale, qui devait transformer en or les métaux communs, joue par là dans l’histoire de la chimie un rôle analogue à celui du mouvement perpétuel dans l’histoire de la physique. Quand on eut bien reconnu qu’il n’était pas possible de réaliser expérimentalement le mouvement