Page:Ostwald - L’Évolution d’une science, la chimie, 1909.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’autre se fait sentir, par exemple, sous l’action des catalyseurs, et plus s’efface la personnalité de ces formes individuelles : finalement, il n’en subsiste qu’une dont les propriétés sont déterminées à la fois par celles de chacun de ces corps particuliers. Pour quelques combinaisons organiques, qui, pour la plupart, ont une composition assez simple, et, par suite, une vitesse de réaction généralement grande, on sait que ces transformations réciproques se passent si rapidement qu’on ne peut pas isoler du tout les différents corps. À cause de cette constitution des formules, ces corps réagissent comme les isomères qui les constituent, et on a donné sur leur nature beaucoup d’explications avant d’arriver à les ranger sous le nom de corps tautomères.

Il faut encore signaler une particularité : les tautomères sont des corps liquides, tandis que les corps solides correspondent à des formes déterminées. Cela tient à ce que les solutions réciproques de deux ou plusieurs corps isomères ou tautomères ne se trouvent qu’à l’état liquide et n’existent pas à l’état solide. D’où ce résultat tout à fait étrange, d’une grande importance pour les conceptions générales : la constitution et la formule d’une combinaison chimique dépendent de l’état sous lequel elle se présente, et varient selon qu’elle est solide ou liquide ou dissoute.

Les relations entre les différents isomères permettent de reconnaître qu’il peut exister, à côté de