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variables, mais l’existence des corps isomères nous montre qu’elle n’est pas la seule variable qui intervienne. Nous devons chercher une autre variable directrice, qui ne soit pas hypothétique et qui puisse être mesurée.

Nous en trouvons une dans l’énergie intérieure des corps. Toujours, les corps isomères possèdent dans les mêmes circonstances des quantités d’énergie différentes ; c’est ce qui les caractérise, et on peut dire des corps sont isomères, quand ils ont la même composition avec des quantités d’énergie différentes. De toutes les définitions existantes, voilà celle qui est le plus conforme aux faits, parce qu’elle est dégagée de toute hypothèse, et qu’elle fournit le caractère de différenciation le mieux déterminé. Cela exige, en général, qu’il n’y ait dans des conditions données qu’une seule forme stable. Pour l’état solide, cette forme peut être un corps pur, si les différents isomères ne se dissolvent pas à l’état solide les uns dans les autres. Au contraire, s’il s’agit d’un liquide ou d’un gaz, la forme stable est toujours une solution de tous les isomères possibles dans des proportions qui dépendent de la température et de la pression.

D’ailleurs, les isomères de la chimie organique ont la plupart du temps une grande stabilité, c’est-à-dire qu’ils se transforment si lentement, en la forme stable, qu’on n’a généralement pas l’occasion d’observer ce phénomène de transformation.