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une constitution dualiste aux combinaisons organiques : le dualisme non douteux des sels fut méconnu par les nouvelles conceptions et c’est plus tard seulement que le développement rationnel de l’électrochimie, en distinguant les deux points de vue, les a fait apprécier avec justice.

Parmi les notions nouvelles, celle de substitution se plaça naturellement en première ligne. Si deux éléments aussi différents que le chlore et l’hydrogène peuvent se substituer l’un à l’autre, sans modifier la constitution d’un corps, il doit en être de même, à plus forte raison, pour des éléments moins dissemblables. Il doit donc y avoir, pour une combinaison initiale donnée, des dérivés par substitution en nombre presque illimité. La combinaison hydrogénée s’imposait comme point de départ naturel, et la chimie organique groupa autour des carbures d’hydrogène les corps dans lesquels des atomes d’hydrogène étaient remplacés par d’autres éléments.

Ce fut la base de la théorie des noyaux de Laurent, qui n’a pas été généralement acceptée, bien que L. Gmelin lui ait fait une large place dans son traité de chimie à cause de sa clarté systématique.

Comme toujours, même pour les révolutions qui, en apparence, bouleversent tout, une bonne partie des matériaux de la théorie vaincue servit à édifier la nouvelle. Certains groupes se comportent comme les éléments, en faisant avec d’autres éléments